Offusquée par les propos de la cheffe du BINUH sur la crise haïtienne, la FEDOFEDH écrit à Antonio Guterres

La Fédération des Organisations de Femmes pour l’Égalité des Droits Humains (FEDOFEDH) considére les récentes déclarations de la cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti, Maria Isabel Salvador sur la crise haïtienne comme un parti pris pour un camp politique. Estimant que ces propos sont malvenus, cette structure de femmes adresse une correspondance au secrétaire général des Nations Unies pour exprimer son inconfort. Nous publions in extenso la lettre de la FEDOFEDH:

Monsieur Antonio Guterres

Secrétaire Général des Nations Unies

En ses bureaux.-

Monsieur le Secrétaire Général,

Malheureusement, c’est avec un cœur pétri par la douleur, envahi par la peur et la tristesse que je m’adresse à vous au nom des 320 organisations de femmes, membres de la Fedofedh en particulier mais surtout au nom de la population haïtienne en général.

Monsieur le Secrétaire Général des Nations Unies, l’heure n’est malheureusement plus à la diplomatie, au palabre car Haïti vit une période sans précédent de son histoire. Je tiens, malgré tout, à vous féliciter pour votre plaidoyer sans relâche en faveur du déploiement d’une force internationale robuste qui viendra en support à la Police Nationale d’Haiti (PNH); laquelle force nous aidera à résoudre efficacement le problème d’insécurité généralisée. Les résultats de ces efforts tardent à se concrétiser cependant nos frères et sœurs continuent à s’exposer quotidiennement aux actes odieux et terroristes des gangs armés du pays. En dépit de tout, nous à la Fedofedh continuons à croire et à soutenir la démarche qui a conduit à l’adoption de la résolution 2699 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies pour appuyer les structures nationales de répression (la Police et l’Armée) en vue de rétablir la sécurité et d’instaurer l’État de Droit.

Monsieur le secrétaire Général, dans un contexte où les efforts se multiplient par certains secteurs de la vie nationale et des instances internationales (la CARICOM par exemple) pour trouver des solutions à la crise systémique que traverse Haïti, la Fedofedh croit être très importante et utile de partager ouvertement son malaise par rapport au tweet de la représentante de la BINUH et je cite : » Le seul chemin pour sortir d’une transition politique, ce sont les élections.On ne sort pas d’une transition par une nouvelle transition ».

La FEDOFEDH pense donc que cette déclaration risque de décrédibiliser les positions des Nations Unies en Haïti. Vue la situation chaotique qui sévit dans le pays, la Fedofedh croit que le moment est vraiment mal choisi pour la représentante de BINUH de se diriger vers un camp politique et de faire de la misère du peuple une affaire personnelle.

Permettez-nous de vous rappeler monsieur le secrétaire Général que ce n’est ni à la diplomate ni aux Nations Unies non plus de prédéterminer le possible contenu d’un accord entre les Haïtiens. Si ceux-ci jugent que c’est une nouvelle transition qui résoudra le problème du pays, nous permettra d’avoir des élections libres et démocratiques, ils peuvent en toute liberté utiliser cette voie ; car il s’agira d’une décision souveraine prise par eux suite à des discussions engagées.

Nous de la Fedofedh, en tant que signataire de l’accord du 21 décembre, qui avons beaucoup travaillé à sa mise en œuvre, souhaitons ardemment que les décisions relatives à la résolution de la crise viennent des acteurs haïtiens et des toutes les forces vives de la nation. En ce sens, nous continuons à appuyer les efforts internationaux dont l’ONU serait le chef de file visant à faciliter et appuyer un processus de recherche d’une solution haïtienne à nos difficultés sociopolitiques.

Néanmoins, les Nations Unies et tous les partenaires internationaux ne doivent pas oublier que, même dans un contexte d’effondrement total de nos institutions républicaines, nous restons un peuple indépendant, souverain et libre. Les Haïtiens et les Haïtiennes ont encore le pouvoir et le droit de prendre certaines décisions souveraines pour la bonne marche du pays.

Compte tenu de différentes résolutions relatives aux mandats de BINUH:  » Res 2476 (2019), Res2545 (2022), Res 2692 (2023) « , nous souhaitons donc que le Bureau Intégré des Nations Unies en Haïti continue son travail dans le strict cadre de la mise en œuvre de sa mission d’appui aux dialogues inter haïtiens afin d’assurer le rétablissement des institutions démocratiques.
Nous aimerions également saisir cette opportunité pour confirmer notre engagement et participation dans le processus politique haïtien ainsi que notre disponibilité à continuer notre collaboration avec tous les acteurs nationaux et internationaux comprenant la complexité de la réalité sociopolitique haïtienne.

Tout en espérant que cette lettre va retenir votre attention et que des décisions adéquates seront prises afin d’éviter ces genres de dérapage à l’avenir, je vous prie de recevoir monsieur le Secrétaire Général nos salutations distinguées.

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